Pourquoi la Chine est-elle si mauvaise au football ?

Figurant parmi les meilleures nations aux Jeux olympiques, la Chine se dote de moyens à la hauteur de ses ambitions pour accroître sa puissance sur la scène sportive internationale. Toutefois, au football, sa sélection a toujours enchaîné les déconvenues. Un paradoxe qui fait tache.

Une seule victoire en dix matchs de qualification

Ce 29 mars 2022, corrigé par Oman lors du dernier match des éliminatoires de la Coupe du monde, la Chine met fin à un long chemin de croix. Hors de course depuis plusieurs confrontations, elle conclut ses phases de qualification à l’avant-dernière place de son groupe. Une contre-performance qui se répète depuis vingt ans. Pékin n’a plus participé à cette compétition phare depuis 2002. Pourtant, le pays a toutes les qualités pour devenir une sélection importante du continent asiatique.

A droite, le défenseur chinois Zhu Chenjie qui se bat face à un joueur d'Oman à Muscat (Oman), le 29 mars 2022. © AFP.

À droite, le défenseur chinois Zhu Chenjie qui se bat face à un joueur d’Oman à Muscat (Oman), le 29 mars 2022. © AFP

Fort de ses 1,4 milliard d’habitants, l’Empire du Milieu peut se targuer de disposer du plus grand vivier mondial pour former ses sportifs de demain. Un élément primordial pour parvenir à être compétitif sur toutes les disciplines. Même celles dans lesquelles elle n’a pas la tradition à briller, comme les sports de neige et de glace.

Le miracle des JO d’hiver 2022 doit inspirer le football

En 2015, lorsque Pékin a été désignée ville hôte des Jeux d’hiver 2022. La délégation chinoise avait l’ambition de bien figurer, comme elle le fait si bien lors des olympiades estivales. Un objectif élevé, étant donné que le meilleur classement de son histoire fut une septième place en 2010, à Vancouver (Canada). Et pourtant, la Chine a clôturé ces XXIVe olympiades hivernales à la troisième place, juste devant son rival américain. Une performance remarquable, qui s’explique par une politique de détection et de formation à grande échelle expertisées par d’anciens étrangers de renommés. Les autorités ont également naturalisé des sportifs, chose exceptionnelle dans un pays qui interdit la double nationalité.


Eileen Gu qui célèbre sa médaille d’argent au slopestyle, le 15 février 2022 aux JO de Pékin. © JACK GRUBER, USA TODAY SPORTS

C’est le cas de la skieuse Eileen Gu. Née aux Etats-Unis d’une mère chinoise, elle devient citoyenne en 2019. En glanant trois breloques (deux d’or, une d’argent), elle symbolise à 18 ans seulement, un pays victorieux qui s’ouvre au-delà de ses frontières. En peu de temps, ces manœuvres ont porté leurs fruits. Mais pourquoi au football, la Chine ne connaît pas la même satisfaction. Qu’est-ce qui empêche une nation qui a dominé pendant des décennies des sports comme le badminton et le tennis de table, a du mal à dénicher des talents du ballon rond.

Un plan de réforme d’envergure

Le président Xi Jinping et son gouvernement ont fait du ballon rond, l’une de leur priorité nationale avec une politique d’envergure. En 2014, le football est désormais obligatoire dans les programmes d’éducation physique. Il vise également à augmenter le nombre d’écoles dotées de terrains de football de 5 000 à 50 000 d’ici 2025. Un plan de relance à long terme, tandis que les grandes entreprises du pays telles qu’Alibaba, ont le soutien de Pékin pour investir au sein de la sélection et des clubs du pays.

« Le football n’a jamais fait l’objet d’une promotion sérieuse dans les écoles chinoises, en raison de la prédominance des études. »

Wu Wenqiang, le vice-doyen de l’Université sportive de Pékin.

Lippi et la Chine, l’histoire semblait trop belle

En 2016, la Fédération frappe fort en parvenant à prendre l’italien Marcello Lippi comme sélectionneur de l’équipe nationale. Celui a emmené la Juventus Turin à multiples reprises vers le titre Scudetto et l’Italie sur le toit du monde en 2006 connaît bien la Chine. Il avait prouvé sa valeur en entraînant le club chinois du Guangzhou Evergrande, avec qui il a gagné la Ligue des Champions d’Asie en 2013. Il s’agit donc d’une belle prise, mais cela a un prix. Avec un salaire de près de 20 millions d’euros par an, il est le technicien le mieux payé au monde.

Instabilité sur le banc

À Pékin, le passage de Cannavaro tourne au bouillon. Après seulement deux matchs et deux défaites, il démissionne également de son poste. Lippi revient en mai 2019, mais rien n’y fait, la spirale négative n’a pas d’issue. En novembre 2019, une nouvelle défaite face à la Syrie est celle de trop. Il quitte à nouveau la sélection. Les rêves de grandeurs de la sélection tournent au fiasco, tandis que la gestion des clubs vire au cauchemar, entre gestion calamiteuse et soucis judiciaires.

« Les JEUNES NE SONT PAS ASSEZ BONS. »

Xiaoting Feng, défenseur de la sélection chinoise.

L’argent ne fait pas tout

Ces dernières années, Pékin et les grosses entreprises du pays ont sorti le chèque pour faire venir des joueurs étrangers, afin d’accroître leur notoriété et compenser le manque d’attractivité du championnat.Mais l’expérience va tourner au fiasco, à l’image de l’Argentin Carlos Tévez. Déjà fragilisée par des affaires de corruption et de matchs truqués, la ligue chinoise va être mise en difficulté par la pandémie de COVID-19. Face à cette crise sanitaire et financière, les investisseurs des clubsdécident de se retirer du championnat. Seule éclaircie au tableau,l’équipe féminine chinoisea récemment remporté la Coupe d’Asie, mais c’est trop peu pour Pékin qui veut rêver plus grand. Un colosse aux pieds d’argile qui utilise le sport comme un instrument pour asseoir sa puissance sur la scène internationale.

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